La représentation de la folie en peinture – épisode IV – La folle monomane du jeu, Théodore Géricault / The Representation of Madness in Painting – Episode IV – The Woman with Gambling Mania, Théodore Géricault.

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Pourquoi ce choix ?

Géricault est un des grands peintres emblématiques du XIXe siècle. Or, ce même siècle est diablement ambivalent, puisque d’une part on y trouve le Romantisme, mouvement artistique qui explore la folie (Poète Maudits, Mal du Siècle, triturage du nombril jusqu’à en faire un trou etc.) et lui redonne une toute relative positivité, et d’autre part, c’est également le développement d’une prise en charge médicale spécifique de la folie et d’une perception nouvelle. La révolution médicale n’est ni immédiate, ni générale, ni uniforme, ni acceptée sur le plan européen ou nationale (à ce rythme-là c’est à se demander pourquoi j’utilise même le terme de “révolution”). Cependant, on tend peu à peu à classer, catégoriser, et à effectuer des recherches aussi bien sur les causes de la déraison que les traitements possibles de la maladie.

Quelques dates :

1805 : premier asile purement asilique (le mot n’existe pas mais on se comprend), fondé sur le modèle psychiatrique à la Pinel dans la ville de Bagreuth (Allemagne du Sud).
1838 : loi Esquirol, autrement dit l’obligation de fonder un asile par département en France. En 1888, environ 50% de ces derniers en sont dotés.
La place du fou est pour le moins ambivalente. En France, on tente de redonner au fou un statut de citoyen, ou du moins de ne pas le traiter comme un citoyen de seconde zone, notamment en luttant contre l’internement arbitraire. En Belgique, on les enrôle dans des colonies agricoles, censées régénérer l’esprit grâce au dur travail aux champs. Attention, le premier qui ose penser “Le travail rend libre” devant son écran se fera bifler par le spectre de Jean Moulin à la prochaine pleine lune.
Dans tous les cas, un même objectif : la psychiatrie veut (et parfois peut) mener à la guérison du malade, ou à défaut, le garder dans une structure adaptée, l’asile comme résidence quoi. Ainsi, si dans l’Ancien Régime le fou est maltraité et condamné à rester comme tel, passant de marginal illuminé en liberté à un être instable indésirable à enfermer, le XIXe siècle redéfinit le fou comme un homme victime d’une pathologie, qu’on tend à éloigner de la société non pas pour le punir, mais pour le prendre en charge.
Enfin, n’oublions pas que la fin du XIXe siècle voit également l’apparition de la psychanalyse & de la neurologie.
En parallèle, on associe la folie à la moralité, mais aussi à l’hérédité. Le fou c’est celui qui mène une existence viciée ou dont l’arbre généalogique comporte des tares, lesquelles peuvent être obtenues justement par une vie de vices etc.. Hygiénisme quand tu nous tiens.

Les Monomanes constitue une série de dix portraits, dont cinq seulement existent encore. Ils dépeignent une monomanie (monos = seul et mania = folie), autrement dit un état d’obsession extrême pour un objet.

Jean-Étienne Esquirol (1772-1840) est le fondateur de l’hôpital psychiatrie en France. Il redéfinit la mélancolie comme la lypémanie (délire dépressif) ou la monomanie. Cette dernière est de trois types : intellectuelle – idée(s) fixe(s) délirante(s) -, affective ou raisonnante – quand le patient a plus ou moins conscience de son état – & émotionnelle – quand le patient n’en a pas conscience et que son trouble est hors de son contrôle -. Donc, avec le tableau d’aujourd’hui on arrive à conjuguer toutes les perspectives médicales de l’époque : nosologie, médecine expérimentale, dimension morale (avec le jeu), théories évolutionnistes, déterminisme etc..

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Rappel  biographique & esthétique :

Théodore Géricault (1791-1824) est typiquement un enfant de la Révolution et de l’Empire napoléonien. C’est donc tout naturellement qu’il appartiendra au Romantisme pictural. Son parcours est au départ classique : Beaux-Arts, peinture équestre, puis le tournant mec chelou : portraits d’aliénés, études de têtes décapitées ou de membres humains. Son chef d’oeuvre est évidemment Le Radeau de la Méduse, vous savez, cette amas de pauvres types décharnés au teint jaunâtre, plus ou moins à oualpé, mais ayant tous eu la décence de garder leurs chaussettes sales pour cacher leurs ongles incarnés.
Ami du sublime Delacroix & en dépit d’un talent certain, TG (très limite comme initiales franchement) n’obtient la reconnaissance qu’après sa mort, longue, pénible et misérable.
Géricault a pour thèmes principaux les chevaux, l’armée, la guerre, la folie, mais aussi l’esclavage des Noirs. À noter que le garçon se débrouille pas mal aussi en sculpture.

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“C’est hyper mystérieux les vieux !”, Perceval, livre II.

L’oeuvre : La Folle monomane du jeu, huile sur toile, 77 x 65 cm, Musée du Louvre, 1820.

Elle s’inscrit dans la série de Géricault avec Le Monomane du vol d’enfant (Springfield), Le Monomane du commandement militaire (Winterthur), Le Monomane du vol (Gand), et La Monomane de l’envie (Lyon).
Dieu sait pourquoi, tous les tableaux sont exposés séparément.

La Folle monomane du jeu a été peint après Le Radeau de la Méduse (1818-1819), oeuvre magistrale qui a cependant mené le pauvre Théodore à un état d’éreintement et de quasi dépression. La série est possiblement une commande pour un médecin de La Salpêtrière :

“Géricault les aurait peints à sa demande pour servir de « matériel de démonstration », ou de sa propre initiative avant de lui en faire cadeau ; mais à condition que Géricault et Georget se soit bien rencontrés, ce qui n’est pas réellement attesté.” (1).

Nota bene : le terme monomane est issu du vocabulaire psychiatrique du XIXe siècle, aujourd’hui on parlerait plutôt de maniaco-dépressif ou névrosé.

Première interprétation:

On peut considérer ce tableau comme un exercice de style. La folie, la maladie, permettent le déploiement des techniques romantiques, réalistes, de procédés comme le clair-obscur etc.. Il y a même quelque chose de très Rembrandt dans cette peinture.
Ce portrait se veut révélateur : il est fort probable qu’il s’appuie sur la le concept de la physiognomonie, très présent chez des auteurs comme Balzac notamment. La physiognomonie, c’est la conviction pseudo-scientifique que les traits du visage sont révélateurs de votre personnalité voire de votre moralité.

Là par exemple, on peut voir le démon du jeu qui littéralement ronge le visage du modèle. L’obsession est signalée par l’amaigrissement ; on retrouve cette thématique du feu intérieur qui consume, soulignés par les yeux rougis.
Cette femme est l’antithèse de l’épanouissement : sa vieillesse est usée et non florissante, sa peau est fripée, ses cheveux hirsutes, ses traits sont creusés, le menton est un poil en galoche et nous dirons poliment que le nez n’est pas grec. Bref, une sorcière. La couleur sombre du manteau renvoie à l’obscurité très probable de sa condition et aux ténèbres de son esprit, impression renforcée par ses yeux noirs, sans vraiment de distinction entre l’iris et la pupille, tel un regard littéralement noyé. L’artiste ne fait preuve d’aucune complaisance, que ce soit dans l’idéalisation – on a bien saisi la dimension réaliste hein – ou l’expression de la folie – sans être non plus dans le trip gestuelle de grand fou à la Gustave Courbet ou la théâtralité excessive des scènes de folie à l’antique style Sardanapale -. Cette simplicité crée un malaise d’autant plus grand qu’elle exprime la stricte réalité. Finalement, l’absence de fioritures, que ce soit dans la mise ou l’arrière-plan renforce le constat d’une âme mise à nue.

De même que chez Judith Leyster, le regard est perdu dans un horizon que personne ne peut comprendre et dont la folle est elle- même prisonnière. On ne sait si ce semblant de sourire est un rictus – comme le garçon de Leyster – ; la monomane aurait-elle tenté de poser ? Avait-elle conscience d’être un modèle ? Ou, eu égard à l’âge du personnage, cette grimace peut être aussi due à une paralysie faciale partielle ou à un tic.

Deuxième interprétation:

Pourquoi ne pas y voir la projection de la propre folie du peintre ? Tout comme Watteau dit vouloir représenter l’artiste triste qu’il est à travers Pierrot, de même, Géricault livre un tableau de ses obsessions. En effet, on sait qu’il est fasciné par des thèmes macabres, pas tabous mais pas bon délire non plus, à la limite du rationnel, du sain : les membres humains coupés, les têtes décapitées etc.. Il a été dit que l’atelier de Théodore était celui d’un vrai petit porcassou, où il laissait pourrir les pieds ou les mains charcutés. De même, l’artiste se rend à des exécutions pour étudier lesdites têtes coupées, et saisir l’ultime expression du condamné – si tu trouves ça quand même sacrément tordu tape dans tes mains !-. On peut voir une corrélation entre cet intérêt pour les têtes coupées et les personnes ayant perdu la tête. De plus, l’artiste réalise cette série à un moment de sa vie où est il est mentalement fragilisé ; travail titanesque, l’excellent Radeau de la Méduse n’a pourtant pas obtenu l’approbation des critiques. On peut donc supposer que si Géricault est parvenu à saisir au plus près la maladie, c’est que lui-même se trouvait dans un rapport de compréhension avec les patients.

Enfin, il n’est pas sans pertinence d’établir un lien entre ce portrait de la monomaniaque et le visage de la vieille femme au centre du tableau d’Eugène Delacroix, Scène des Massacres de Scio (1824). Là encore, la folie est associée à la mort & à la folie humaine.

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Troisième interprétation:

Cette oeuvre est un condensé des avancées mais aussi des débats de la psychiatrie au XIXe siècle, en particulier dans la première partie de ce dernier.
Psychiatrie et moralité vont souvent de pair ; un parallèle très fort est établi entre la maladie et le mode de vie. Certaines pathologies sont identifiées comme les conséquences d’un comportement moral indigne, selon les critères de l’époque bien sûr. Par exemple, le syphilitique est un vilain débauché qui trempe son beignet partout, le mélancolique est évidemment dépressif, oisif, ou pire encore quelqu’un qui se masturbe (2) etc. Souvent même, plus que des conséquences physiologiques, ces maladies sont une sorte de châtiment que le malade doit supporter comme le juste prix à son dérèglement. On retrouve ici la même logique que celle qui anime la théorie humorale : l’excès ou le manque d’un élément, comprendre une attitude abusive ou au contraire de restriction, provoque un déséquilibre de l’organisme, et de facto la maladie.

Autre couple pas fameux : la psychiatrie et le statut social. Les pathologies sont souvent associées à un type. Par exemple, la tuberculose est le lot des classes laborieuses, et non pas un délire gothico-bourgeois façon Dame aux Camélias. Idem pour l’alcoolisme. L’hystérie est le domaine naturel des femmes, une lapalissade vue la réaction du lectorat féminin face à cette théorie digne d’un Jacky échappé d’artdeséduire.com. Dans le cas de ce tableau, la folie du jeu est associée à des tares “typiquement” féminines (#larmesdesang) comme la vénalité. Devinant aisément la condition pauvre de cette femme – prenez garde je m’apprête à parler comme un Bourgeois Connard Condescendant de l’époque – , on peut supposer qu’elle a rêvé par le jeu d’un quotidien plus confortable, ou qu’elle a du moins tenté de s’évader du sien, sordide. Sa monomanie est donc le juste prix du fait qu’elle ait excité son vice plutôt que le contenir, mais également de sa prétention à vouloir améliorer son sort. N’oublions pas mes chers Jean-Eudes que les pauvres au XIXe siècle n’ont pas à avoir de désir de grandeur, chacun devant rester dans sa classe. On condamne également l’enrichissement par un moyen dit “facile”, au détriment d’un travail honnête. En outre, la monomaniaque du jeu est d’autant plus hors des normes que le jeu & particulièrement le jeu d’argent, est normalement réservé aux hommes ; des activités comme le billard ou le poker sont traditionnellement interdites aux femmes. Il est donc naturel qu’une femme y perde son faible esprit à s’atteler à une activité qui n’est pas la sienne.

Fin de la parenthèse BCC.

Ce faisant, on n’est plus du tout dans la dimension tragique de la folie à la Bosch ; ici triomphe la dimension critique : la folie est un pur ennemi, celui de la raison.
Le terme de monomanie et la variété desdites monomanies (de l’Envie, du commandement militaire etc.) soulignent que la Folie n’est plus une sorte de monstre énorme, mystérieux et indéfinissable. Désormais, elle porte une classification, se décortique selon des catégories, à travers un vocabulaire technique spécifique. Fini l’obscurantisme linguistique ; tout doit avoir un nom, une explication voire une solution. C’est une démarche empirique de rationalisation, mais aussi de cloisonnement. Le malade est désormais étiqueté, ce n’est plus à lui qu’on s’intéresse, mais bien à sa pathologie.

Enfin, il ne faut pas négliger la portée prophétique de ce tableau ; il est d’ores et déjà l’écho de futures théories : hygiénisme, déterminisme, évolutionnisme positif et négatif etc..

(1) Les Monomanes de Géricault, une vie infâme dans l’histoire de l’art, Morad Montazami.

(2) Afin de mieux saisir le délire de l’époque quant à la pratique du touche-pipi & autres joyeusetés, lire à ce propos le fictif mais non moins hilarant Jean-Baptiste Botul dans La vie sexuelle d’Emmanuel Kant.

 

The Representation of Madness in Painting – Episode IV – The Woman with Gambling Mania, Théodore Géricault.

 

Why this choice ?

Géricault is one of the most emblematic painter of the XIXth century. This century is very ambivalent, because on the one hand, you can find Romanticism, artistic movement which explores madness (Cursed Poets, Evil of the Century etc.) ; on the other part, it’s also the development of a specific medical care for madness, and a new perception of it. The medical revolution is not immediate, general, standardized, nor accepted by France and Europe – you could even say « why is she talking about bloody medical revolution so ? » -. Nevertheless, there is a trend to classify, categorize, and do some research on the causes of madness, or possible treatments.

Some key dates :

1805 : first asylum only for mad people, founded on Pinel psychiatric model, in Bagreuth (South of Germany).
1838 : Esquirol law, that is to say the obligation to create one asylum per department. En 1888, about 50% of departments have one.
The status of the madman is quite ambiguous. In France, they try to give him a real citizenship, or at least to not treat him as a second-class citizen, for example by fighting against arbitrary interment. In Belgium, mad people are enrolled in labour colonies, because hard work in fields is supposed to regenerate the mind. Your attention please, the first reader of this blog who would dare thinking « Work sets you free » in front of his computer screen will be sent to Gulag.

The target is the same : psychiatry wants to – and sometimes can – lead to the recovery of the patient, or, failing that, to keep him in an adapted structure.
So, if during the Old Regime the madman was badly treated and condemned to stay as he is, from the illumined but free outsider to the unstable and undesirable being just good enough to lock, the XIXth century redefines the madman as a victim of a pathology, who should be moved away from civil society, not for punishing, but for taking care of him.
Finally, don’t forget that the end of the XIXth century is also the emergence of psychoanalysis and neurology. Meanwhile, madness is associated with morality, but also heredity. The fool is a person with a flawed existence, or whose family tree includes faults – still a bit premature in this century to say « genetic faults » -, which can be obtained with a life full of defects etc.. Hello sanitariarism.

The Portraits of the Insane constitute a series of ten portraits, but only five still exist. They depict a monomania (monos = alone, and mania = madness), in other words a state of extreme obsession upon an object.
Jean-Étienne Esquirol (1772-1840) is the founder of the psychiatric hospital in France. He redefines melancholia as lypemania (depressive delirium) or monomania. This latter presents three types : intellectual – delirious obsession(s) -, affective or reasoning  – when the patient realizes more or less his situation -, and emotional – when the patient isn’t aware of his pathology and is out of control -. So, with this painting, we can conjugate all the medical perspectives of this period : nosology, experimental medicine, moral dimension (with game), evolutionist theories, determinism …

Biographical & aesthetic recall :

Théodore Géricault (1791-1824) is a typical child of the Revolution and the Napoleonic empire. So naturally he belongs to Romanticism. His path is first classical : fine art school, equestrian paintings, then comes the weirdo way : portraits of insane people, studies of decapitated heads and human pieces. His master piece is of course The Raft of the Medusa, you know, this mass of poor emaciated fellows and leathery complexion, more or less naked, but all with socks (maybe for hiding their ugly toenails).
Friend of the gorgeous Delacroix, and in spite an obvious talent, Théodore only gets recognition after his death, long, painful and miserable.
Géricault’s principal themes are horses, army, war, madness but also black slavery. He’s also great for sculpture.

The painting : The Woman with Gambling Mania, oil on panel, 77 x 65 cm, Louvre Museum, 1820.

It belongs to Géricault’s series of Portraits of the Insane, with A Kidnapper (Springfiled), Man Suffering from Delusions of Military Rank (Winterthur), Portrait of a Kleptomaniac (Ghent) and Insane Woman (Lyon).

The Woman with Gambling Mania was paint after The Raft of the Medusa (1818-1819), amazing artwork which however leads poor Théodore to an extreme state of exhaustion and almost depression. This series could be an order from a doctor of La Salpêtrière – btw : French hospital in Paris – :

« Géricault would have painted for the use of a « demonstrative material », or it would be his own initiative, as a gift ; but Géricault and Georget should have met, which is not really sure. » (1).

Nota bene : The word « maniac » comes from the psychiatric vocabulary of the XIXth century ; today we would rather speak of a manic-depressive or a neurotic.

First reading :

We could consider this painting as an exercise of style. Madness, illness, allows to a deployment of romantic but also realistic techniques, processes as the chiaroscuro etc..

There is a Rembrandt touch in this painting. This portrait wants to be revealing : likely it is inspired by physiognomy, a theory present in Balzac’s books for example. Physiognomy is the pseudo-scientific conviction that the features of the face express your personality, perhaps your morality.

We can see the the gambling’s devil which literally corrodes the face of the model. The obsession is underlined by the emaciation ; this thematic of inner fire is also shown with the red eyes.

This woman is the antithesis of fulfillment : her old age is worn and not flourishing, the skin is absolutely wrinkled, the hair is a disaster, the chin is scraggly, and we’ll say with great politeness that the nose is not Greek. Indeed, a total witch. The dark color of the coat refers the obscurity of her condition and the darkness of her mind ; this impression is reinforced with her black eyes, without a real distinction between the iris and the pupil : literally a drowned look. The artiste has no complacency, as for idealization – we all see the realistic dimension – nor the expression of madness – we’re not in a theatrical and excessive demonstration in a Sardanapalian style -. This simplicity creates a malaise, even greater because it only expresses a strict reality. Finally, the absence of frills, as for the outfit or the background, emphasizes the observation of a skinned soul.

As well as Judith Leyster, the look is lost in a horizon that no one can understand and where the madwoman is prisoner. We don’t know if this shade of smile is a smirk – as Leyster’s boy – ; did this woman try to pose ? Was she aware of being a model ? Or, because she is old and ill, maybe this grimace is a consequence of a partial facial paralysis or a tic.

Second reading :

Could we see the projection of the artist’s own madness ? As for Watteau who wanted to represent the sad artist he was through Pierrot, Géricault delivers a painting of his obsessions. Indeed, we know he is fascinated by macabre themes, not really taboo but not really rational either, quite unhealthy : body parts, decapitated heads etc.. It was said that Theodore’s studio was that of a porky, where he used to let feet and hands root. Also, the artist goes to some public executions, in the aim of studying decapitated heads, and captures the last expression of the condemned man – weirdo weirdo weirdo -. So we may notice a correlation between this interest for beheaded persons, and people who lost their mind *. Moreover, the artist realizes this series during a very difficult moment of his life, where he was mentally weakened ; titanic work, The Raft of the Medusa didn’t get the approval of the critics. So it could be supposed that if Géricault had caught so well madness, it’s maybe because he was involved in a relation of understanding with the patients.

Finally, it could be relevant to underline a link between this portrait and the face of the old woman at the center of Eugene Delacroix’s painting, The Massacre at Chios (1824). Here again, madness is associated with death and human madness.

Third reading :

This work is a summary of the improvements but also psychiatry’s debates during the XIXth century, especially in the first part of the period.

Psychiatry and morality go together ; a very strong parallel is made between sickness and lifestyle. Some pathologies are identified as the consequences of a scandalous attitude, according to the moral standards of this era. For example, the syphilitic is a libertine who puts his donut everywhere, the melancholic is of course depressed, idle, worse still, someone who practices masturbation (2). Oftenly, more than psychological consequences, those diseases are a kind of punishment the patient has to endure, as the right price of his disorder. We find here the same logic of humorism ; the excess or the lack of an element, in this case, an abusive or a restrictive attitude, leads to the unbalance of the organism, and de facto, illness.

Another not cool match : psychiatry and social status. Pathologies are generally associated with a type. For example, tuberculosis belongs to working classes, and not to a gothico-bourgeois delirium in a Lady of the Camellias style. Idem for alcoholism. Hysteria is the natural land of women, a truism when the female followers of this blog will read that (#irony). In the case of this painting, the gambling mania is associated with typical female faults (#tearsofblood), such as venality. Following the traditional condescending and bourgeois conception, we can « easily » suppose this woman tried to improve her sordid existence through game. So her obsession is the fair price for having excited her vice rather than repressing it, and also for wanting to change her fortune. Don’t forget dears than the poor during the XIXth century aren’t allowed to have desire for greatness, each one must stay at its own place. Enrichment through an « easy » way is also condemned, because it is done at the expense of a honest work. Besides, the maniac is out of the norms because game, and especially gambling, is reserved for men ; activities such as pool or poker are traditionally forbidden for women. So, it is quite natural a woman loses her weak spirit in something out of her condition.

In this way, we’re not at all in a tragic dimension such as in Bosch’s painting ; here is the triumph of the critical dimension : madness is the enemy, the adversary of reason. The word itself of monomania, and its diversity (kleptomania etc.) underline that Madness is not a big monster, mysterious and indefinable. Now, it has a classification, is analyzed through categories, with a technical vocabulary. We’re done with linguistic obscurantism ; everything must have a name, an explanation, and if possible, a solution. It is an empirical approach of rationalization, but also of partition. The patient is tagged, he’s not anymore the center of attention, but so is his pathology.

Finally, it shouldn’t be neglected the prophetical impact of this painting ; it is already the echo of future theories : hygienism, determinism, positive and negative evolutionism …

 

* In French, the expression is perdre la tête, literally translated by “to lose the head”.
(1) Les Monomanes de Géricault, une vie infâme dans l’histoire de l’art, Morad Montazami (not translated).

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